Avancer ensemble : l’importance des liens

Six leçons tirées des réunions des dirigeants autochtones et de la Régie

Le 5 février 2024

Photo : Roue de médecine, faite de pierres et disposée sur le sol, prenant forme sur fond de lever de soleilPhoto : Vue de tipis prenant forme sur fond de lever de soleil.

Au cours de la dernière année, les dirigeants des communautés autochtones susceptibles d’être touchées par le réseau de NOVA Gas Transmission Limited (« NGTL ») et la Régie ont amorcé un parcours commun. Nous avons écouté les dirigeants autochtones nous faire part de leurs expériences liées à la mise en valeur de ressources sur des terres ancestrales et des territoires traditionnels.

Les réunions avaient pour objectifs ce qui suit :

  • Établir et resserrer les liens.
  • Mieux comprendre les points de vue et les expériences des peuples autochtones à l’égard du réseau de NGTL et de la mise en valeur des ressources.
  • Déterminer si les communautés touchées voulaient collaborer avec la Régie pour renforcer la surveillance des pipelines.

Les dirigeants autochtones ont exprimé un vif désir de participer activement à la réglementation des projets. Ils ont donné des exemples de sociétés qui utilisent les terres sans qu’il en découle d’avantages socioéconomiques intéressants pour leurs communautés.

À travers les croyances, valeurs, connaissances traditionnelles et enseignements dont nous ont fait part les dirigeants de différentes communautés, une leçon fondamentale est ressortie : les peuples autochtones entretiennent un lien profond avec leur environnement et perçoivent un lien qui unit tous les êtres vivants.

Le chef Jim O’Chiese de la Foothills Ojibway Society a souligné le caractère sacré de certaines régions de l’Ouest canadien pour les peuples autochtones, insistant sur la responsabilité de protéger et de préserver les terres pour les générations futures. Il a offert un enseignement au sujet des collines Cypress, expliquant leur importance particulière comme lieu où Dieu s’est servi du sol pour créer le peuple de l’île de la Tortue.

Récemment, les coauteurs autochtones et le personnel de la Régie ont conclu un rapport résumant les sujets discutés lors des réunions. Le rapport présente les grands thèmes et un résumé complet des commentaires recueillis auprès des participants à la réunion.

Les dirigeants et les auteurs autochtones ont souligné l’importance de fonder notre travail sur les expériences passées et la vision du monde des peuples autochtones. Les liens entre toutes choses, le lien spirituel avec la Terre mère et la responsabilité de protéger le territoire afin de le préserver pour les générations futures forment une riche mosaïque qui transcende les points de vue réglementaires.

« Notre puissance spirituelle – Nous pensons à nos enfants et à nos petits-enfants.
Nous savons que quelque chose ne va pas avec la Terre mère.
Nous en sommes certains. Nous le sentons. Notre instinct nous dicte de prendre soin d’elle et de la protéger. »

– Comité des coauteurs autochtones

Bien qu’il soit difficile de transposer par écrit l’expérience orale, nous espérons que le rapport non seulement présente les grands thèmes abordés, mais laisse aussi transparaître l’émotion et l’esprit avec lesquels ils ont été communiqués.

L’une des personnes présentes, l’Aînée Jeannette Starlight de la Nation Tsuut’ina, prononce quelques mots de sagesse sur l’importance des réunions des dirigeants et du processus de rédaction conjointe et sur ce que cela signifie pour la poursuite de la Réconciliation.

Transcription:

*remarques en langue tsuu t’ina*
C’est dans un esprit de compréhension, d’engagement et de prière que je souhaite travailler avec la terre, les énergies qui s’y trouvent ou qui en émanent et tout ce qu’elle englobe.

Je remercie le Créateur pour la beauté de toutes ses créations et les ancêtres qui nous ont légué ces magnifiques terres pour y vivre, survivre et conserver l’énergie diffusée par toutes ces choses, qui nous habitent et qu’il faut observer avec attention, en ouvrant notre cœur pour les conserver en nous et toujours nous souvenir de tout ce qui les accompagne.

Les montagnes, les eaux, les roches, les animaux, les oiseaux, tout ce que le Créateur a mis à notre disposition.

*remarques en langue tsuu t’ina*

Je suis honorée de me retrouver dans votre cercle. C’est une journée très importante pour moi. Heureuse et emballée dès mon réveil, une énergie me transporte depuis que je suis entrée dans ce musée.

C’est parce qu’il y a des changements, beaucoup de changements qui vont se produire ici. Je dois donc contenir mon énergie pour qu’elle ne s’envole pas. Elle a tendance à s’amenuiser ou à s’étioler, car il m’arrive d’en abuser. Il me faut ainsi la contenir. Dans le contexte d’un tel travail en collaboration au sujet des organismes de réglementation de l’énergie, il est évidemment très important d’examiner ces mots. Il s’agit de réglementer l’énergie des terres, de l’air, du feu, des montagnes et de l’eau, de tout en fait.

Comment pouvons-nous vraiment réglementer cela en reconnaissant la portée de toutes ces choses? C’est le Créateur qui en a le contrôle et c’est lui qui aide à tout réglementer. C’est ce que je crois et comprends ici. Ma grand-mère et moi disions toujours de faire attention à tout. Vous devez faire attention, car ce que vous tenez ici, ce qui doit être tenu, ne peut rien laisser en plan.

Cela dit, j’ai vraiment l’impression que ces choses, les mots qui sont écrits sur le papier, ce que j’ai déjà dit d’ailleurs, doivent se matérialiser dans la réalité, de telle manière que toutes les Nations puissent véritablement comprendre ce vers quoi doit tendre le travail et les perspectives autochtones sur l’énergie. D’autres Nations ont leurs propres concepts, idées, prières et compréhension de tout ce travail qu’elles accomplissent elles aussi dans le domaine de l’énergie en rapport avec les terres.

C’est ce que je crois comprendre. Nous avons tous nos propres façons de faire. Nous devons tous collaborer et permettre à toute chose de réintégrer sa juste place, à la bonne énergie comme à toutes ses composantes sur cette terre. Je suis honorée de me retrouver ici. C’est ce que je comprends de tout cela, des mots mis par écrit. C’est pour les générations futures et nous devons poursuivre cette œuvre.

Nous ne savons pas ce que demain nous réserve. Ces mots se doivent donc d’être puissants, même très puissants et compris des générations futures. Nous devons faire en sorte qu’elles regardent ces mots et comprennent exactement ce que tous les Chefs, Premières Nations et peuples autochtones ont dit avant aujourd’hui, en espérant que cela se perpétue.

*remarques en langue tsuu t’ina*

Vous savez, je parle toujours d’énergie et de celle consacrée à ce travail pour s’assurer que les mots rendent parfaitement compte des paroles prononcées par les dirigeants. Il a vraiment fallu s’asseoir et y mettre beaucoup de réflexion, d’émotion, d’énergie, de tout cela pour que les mots se traduisent par l’amélioration de l’immense travail accompli par ces personnes, les Nations, les Métis, en fonction de ce que tous ont dit.

Il faut donc réunir les mots de telle façon qu’ils veuillent dire quelque chose pour les Nations et à l’avenir. Les auteurs ont ainsi abattu un travail colossal en ce sens pour que ces mots soient mis sur papier correctement. Je reconnais l’émotion et l’énergie consacrées à cette tâche. Maintenant, dès que ce sera terminé, approuvé, envoyé et publié, il faudra passer à autre chose.

Je prie pour que ces personnes reprennent le contrôle de toute cette énergie et émotivité afin qu’elles puissent elles-mêmes se retrouver, parce qu’elles ont fait ce travail pendant des années. Maintenant, elles doivent prendre du recul, remettre tout cela à qui de droit et reprendre leur vie en main. C’est là l’objet de mes prières, de mes espoirs et de mes souhaits pour toutes les personnes, afin que ce travail acharné ne s’envole pas en fumée et que leurs paroles soient répétées de génération en génération.

Une dernière chose est que j’aimerais que chacun offre du tabac dans le cadre d’une cérémonie pour tout ce qu’ils ont vu ou cru comprendre en guise de remerciement aux éléments. C’est un juste retour des choses. Cela fait partie d’essayer d’être soi-même de nouveau. En ce sens, c’est ce qu’il faut faire.

Chacun doit rendre son dû à qui de droit. La rivière saura alors se le réapproprier, tout comme la montagne, dans toute leur fraîcheur virginale. Dans cet esprit, prions donc et témoignons de notre reconnaissance.

Voici quelques faits saillants du rapport.

  1. Droits des peuples autochtones, reconnaissance et Réconciliation
    • Importance particulière des droits inhérents, des droits conférés par traité et des droits protégés par la Constitution
    • Reconnaissance de la diversité des histoires, cultures et langues autochtones
    • Appel au respect des traités de paix et d’amitié d’un commun accord
    • Souveraineté des Autochtones
  2. Mode de vie autochtone et lien avec la terre
    • Principes directeurs fondés sur les sept enseignements sacrés
    • Responsabilité collective de préserver l’environnement pour les générations futures
    • Reconnaissance du lien spirituel entre les peuples autochtones et la terre
  3. Effets cumulatifs et changements climatiques
    • Reconnaissance des effets de la mise en valeur des ressources naturelles sur les droits autochtones
    • Effets socioéconomiques disparates, en particulier sur les communautés vulnérables
    • Répercussions qui se font en particulier ressentir sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones ou les communautés vulnérables
  4. Retombées économiques
    • Nécessité de la surveillance réglementaire pour assurer le respect des engagements économiques
    • Établissement d’attentes claires quant au pourcentage de contrats accordés à des entreprises autochtones
    • Contrats directs et possibilités pour les entreprises appartenant à des Autochtones, et préférence accordée à celles-ci
  5. Collaboration et élaboration conjointe
    • La Réconciliation consiste à reconnaître les injustices du passé et à prendre des mesures concrètes.
    • L’élaboration conjointe est fondée sur les valeurs d’authenticité, de respect et de transparence.
    • Il est impératif de décoloniser les processus qui font obstacle à la participation des Autochtones.
    • La création d’un organisme de réglementation autochtone est à envisager.
  6. Participation autochtone aux activités de surveillance
    • L’intégration des connaissances traditionnelles à la surveillance comme l’équivalent des connaissances occidentales est requise.
    • Un engagement à long terme et des ressources suffisantes pour une participation significative des Autochtones sont nécessaires.
    • Les connaissances autochtones doivent être prises en compte de la conception à l’achèvement du projet.

Lire le rapport complet

Date de modification :